Dans la peau du… Yèble – Sambucus ebulus

On m’appelle aussi le Sureau yèble, le Petit sureau, l’Herbe à l’aveugle, parmi mes surnoms les plus courants. Parfois, je suis orthographié Hièble. Ça dépend des régions, des époques… Finalement, le plus simple et le moins confusant serait de m’interpeler par mon nom scientifique : Sambucus ebulus.

Ça en jette. 

Des surnoms et des usages

Mais d’où vient cette profusion de surnoms vous demandez-vous sûrement ? Ce serait sans doute dû aux nombreux usages dont j’ai fait l’objet. Par exemple, mes baies et mes fleurs pouvaient être utilisées en infusion pour préparer des collyres et soigner des ophtalmies ; d’où le nom d’Herbe à l’aveugle ou Herbe aux aveugles. Mais une autre version raconte que, étant donné ma propension à bien coloniser les terres riches, les paysans disaient que là où je pousse, on peut acheter les yeux fermés !

On m’a aussi dénommé Herbe à punaises, car un purin préparé à partir de mes feuilles constituerait un bon répulsif pour les punaises, mais aussi les pucerons, les chenilles et autres cochenilles.

Pour autant, et comme de nombreuses plantes, il y a le revers de la médaille : je suis toxique. Pas de quoi envoyer votre pire ennemi ad patres, mais de quoi donner une bonne diarrhée et des douleurs abdominales. On m’a d’ailleurs utilisé comme purgatif. Drôle d’idée. Ou comme diurétique, pour traiter certains œdèmes.

Certaines personnes m’auraient aussi confondu , autre plante herbacée, à cause d’un fruit semblable. La toxicité de son fruit étant beaucoup plus importante que le mien, le résultat est beaucoup plus funeste…

J’ai aussi l’honneur d’avoir participer à la coloration des vins, par le biais de mes fruits. Ces derniers ont également servi, par le passé, à préparer des encres.

Mais d’ailleurs, à quoi je ressemble ?

Au Sureau noir, mon cousin plus répandu ? Oui et non. Comme lui, mes feuilles sont découpées en nombreuses (mais j’en ai plus que lui, et les miennes sont dentées), nos fleurs sont disposées en corymbe* et odorantes (les siennes sont blanc crème, tandis que les miennes sont blanc rosé et leur odeur rappelle l’amande amère), et notre fruit est une baie ronde et noire.

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Au-delà de ces différences, difficiles à constater pour un œil peu averti, il y a, et c’est peu dire, un critère de taille. Le Sureau noir est un arbuste, ligneux, de 2 à 10 m de hauteur pour les beaux sujets. Quant à moi, je suis une plante herbacée*, ne dépassant pas 120 – 150 cm à maturité. Avec ça, facile de nous distinguer !

Mais je compense, en m’étalant via des rhizomes* souvent profonds et très ramifiés. C’est ainsi que je forme souvent de grandes colonies dans les prairies, les friches et les abords de chemins ou de haies.

*Voir les définitions dans l’encart « les idées à retenir »

Et partout en France ?

Evidemment, et même largement au-delà, presque partout en Europe (sauf la partie la plus septentrionale), dans une grande partie de l’Asie occidentale et au nord de l’Afrique. Et je le dois à vous, êtres humains : ma culture, au Moyen-Age, pour mes propriétés thérapeutiques, à faciliter ma dispersion. Aujourd’hui, je ne peux plus compter sur vos services, mais sur de petits animaux (notamment des oiseaux)

J’ai un petit faible pour les milieux ensoleillés, mais pas trop chaud, avec un sol frais et riche, plutôt calcaire. Et une fois que j’ai trouvé un lieu qui me convient, je prends mes aises ! Certains jardiniers diront même que je suis « envahissant ». Disons plutôt que je peux embellir votre jardin et que j’offre le gite et le couvert à de nombreuses espèces !

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Friche avec Sureau yèble ©BE Nat'

Les idées à retenir pour briller à la pause-café :

Les fleurs du Yèble sont disposées en corymbe (ou cyme multipare) : c’est une inflorescence composée, c’est-à-dire avec plusieurs branches secondaires

Ses feuilles sont composées de folioles, c’est-à-dire des limbes (= partie feuillée) qui sont rattachés au même pétiole, avec un seul bourgeon à la base, au niveau de la tige.

Le Yèble est une plante nitrophile, c’est-à-dire qu’elle préfère les sols riches en azote.

Espèce herbacée / espèce ligneuse : cette distinction se base sur la consistance de la tige : l’espèce ligneuse a la consistance du bois, mais par l’espèce herbacée. Pour autant, la lignine, est bien présente même dans les espèces dites herbacées, et permet leur port dressé (exemple du Lin, qui est une espèce herbacée avec un fort taux de lignine, permettant d’en faire des tissus !)

Le Yèble est une plante dite hémicryptophyte, car ses racines persistent durant toute l’année, mais pas les tiges. Ainsi, la plante n’est visible qu’une partie de l’année. Et pourtant, elle est bien là, sous nos pieds.

Les rhizomes, par lesquels se multiplie le Yèble, sont des tiges souterraines, donnant chaque année des racines et des tiges aériennes.

Vous souhaitez mieux connaitre le Yèble, c’est par ici :

Jean-Marie Fournier
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