Dans la peau du Xylocope violet – Xylocopa violacea

Bonjour aux curieux et aux habitants du jardin ! Je suis l’abeille charpentière ou Xylocope violet, n’ayez crainte je ne vous ferai aucun mal.

Lorsqu’on évoque une abeille, l’image qui nous vient souvent à l’esprit est celle de ma cousine l’abeille domestique, pourtant, il existe une diversité impressionnante au sein de notre famille. En effet, on estime qu’il existe près de 20 000 espèces d’abeilles dans le monde, dont environ 1 000 sont recensées en France. Cela montre à quel point notre famille est vaste et variée, chacune d’entre nous contribuant à sa manière à la pollinisation travers le globe.

Donc, non, les abeilles ne sont pas toutes élevées dans des ruches par des apiculteurs et nous ne sommes pas des petites bêtes qui aiment vous piquer. Alors rangez vos insecticides, tapettes à mouche et autres objets détournés dont le but est de nous éloigner de vous, de nous empoisonner ou encore de nous écraser.  

 

Le temps de cette lecture j’aimerai défendre la cause des abeilles, encore trop souvent craintes, oubliées et mal-aimées, à tort bien évidemment, puisque vous apprendrez que notre place dans ce monde est tout simplement vital à votre survie.

Pour me reconnaitre

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© Jurgen Mangelsdor

Je ne suis pas un bourdon mais bien une abeille. Il est vrai que du fait de ma grande taille et de la présence de poils sur l’abdomen vous pouvez me confondre, mais à la différence de ces derniers, je peux faire jusqu’à 30 mm de longueur et 50 mm d’envergure, on ne peut donc pas me louper. De plus, j’arbore de jolis reflets métalliques sur les ailes avec un corps noir.

Vous pouvez nous différencier mâles et femelles grâce aux antennes ; en effet le mâle possède des petits anneaux orange autour contrairement aux femelles qui sont toutes noires. Et pour terminer cette différenciation, sachez que le mâle ne porte pas de dard et est totalement inoffensif. Les femelles, en ont un mais ne l’utilisent qu’en cas d’attaque.

Je ne suis pas la seule à représenter les abeilles charpentières : dans le monde il existe 500 espèces différentes de xylocopes qui sont surtout localisées dans les régions tropicales et subtropicales.

En France, nous ne sommes que quatre espèces de xylocopes à occuper le territoire et seuls les yeux des naturalistes sauront bien nous distinguer.

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©Hélène Soyer

Pourquoi charpentière ?

Je suis souvent appelée abeille charpentière ou abeille perce-bois, mais contrairement à ce que pourrait laisser penser mon nom, je ne me nourris pas de bois. En fait, je suis un insecte herbivore, et mon régime alimentaire se compose de nectar et de pollen que je récolte sur les fleurs. Cependant, mon mode de vie est étroitement lié au bois, car je creuse mes galeries dans le bois pour y construire mes nids et y élever ma progéniture. Ces tunnels me fournissent un abri sûr et confortable, où je peux déposer mes œufs et les nourrir jusqu’à ce qu’ils soient prêts à émerger et à explorer le monde.

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©DocteurCosmos

Notre cycle de vie 

La vie en colonie, très peu pour moi ! Je suis ce que l’on appelle une abeille solitaire.  Comme le nom l’indique, je vis seule toute ma vie.  C’est seulement au moment de la période de reproduction que nous nous regroupons pour nous accoupler.

Cela a lieu au début du printemps, juste après notre période d’hibernation. Une femelle peut avoir jusqu’à une dizaine de prétendants et une fois fécondée, nous partons à la recherche d’un lieu pour pondre nos œufs. Pour chaque œuf pondu nous apportons de la nourriture pour la future larve qui est constituée de miel, de nectar et de pollen. Puis, pour que cette larve soit tranquille nous refermons sa loge avec du papier maché. Nous recommençons ce travail pour tous les autres œufs pondus, ce qui est, vous vous en doutez, un travail titanesque.

Marvels_of_insect_life;_a_popular_account_of_structure_and_habit_(1916)
Marvels of insect life; a popular account of structure and habit (1916)

Une fois que ces larves ont pu prendre des forces et atteignent 3cm de long, elles forment une chrysalide pour entamer le processus de transformation. C’est durant cette phase qu’elles passeront du stade de larve à jeune abeille. Enfin, une fois devenu adulte au printemps, tous ces jeunes sortent de leur galerie et partent s’envoler.

Ce cycle, entre la ponte des œufs et la sortie des adultes, dure 1 an. 

Pourquoi me protéger

L’abeille domestique vole la vedette aux abeilles sauvages qui sont souvent oubliées. Et pourtant, nous avons aussi un rôle crucial à jouer dans l’équilibre de la nature ! En effet, 84 % des espèces végétales cultivées dépendent directement de diverses espèces d’insectes pollinisateurs.

Comment nous aider ? Vous pouvez commencer par aménager des espaces de biodiversité dans nos jardins en réduisant la fréquence de tonte et en optant pour une fauche tardive. Cette pratique permet aux plantes sauvages et aux insectes de se développer et de se reproduire, ce qui contribue à la préservation de la biodiversité locale. Ensuite, évitez l’utilisation de pesticides et favoriser la diversité des plantes adaptées au climat et au sol de la région. Enfin, plus efficace que les hôtels à insectes, le bois mort laissé ici et là, constitue un abri idéal pour de nombreuses espèces, comme moi, l’abeille charpentière, qui y trouvent refuge et y creusent leurs galeries.

Les idées à retenir pour briller à la pause-café: 

Les abeilles, les guêpes, les fourmis et les bourdons font tous partie du même ordre qui est celui des hyménoptères. Celui-ci est très diversifié puisqu’il comprend plus de 230 000 espèces connues à ce jour. 

Les mandibules font partie des pièces buccales utiles pour grignoter le bois. Elles sont fortes et solides.  

La nourriture fournie pour les futures larves s’appelle le « pain d’abeille », constitué de pollen, de miel et de ferments lactiques.  

Holométabolisme est le terme pour caractériser les processus de transformation physique des jeunes larves jusqu’au stade adulte. Chez l’Abeille charpentière, le passage de l’état larvaire au stade adulte se fait lors du stade nymphal dans une chrysalide.  Ce mécanisme est semblable chez nos amis les papillons, les mouches et les scarabées. 

Les nuances métalliques ou irisées que l’on observe chez certains insectes, poissons, ainsi que chez certaines plantes et fruits, ne proviennent pas de pigments colorés, mais plutôt le résultat de microstructures présentes à la surface de leurs tissus qui altère la réflexion de la lumière et donc de la couleur perçue.

Pour en savoir plus :

  • Le site scientifique de référence: INPN Xylocopa violacea
  • Les ouvrages “Le Grand traité du jardin punk” et “Le Petit traité du jardin punk”, de Éric Lenoir, éditions Terre Vivante.

Crédits photo :
Jürgen Mangelsdorf | Flickr
Alan C | Flickr
DocteurCosmos

Article rédigé à deux mains par Alicia Denneulin et notre stagiaire Sarah Simonet

Alicia Denneulin
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