Nature en ville / Idée reçue #3 – Gestion des espaces verts

Les espaces verts ornementaux à l’esthétique très travaillée demandent des temps de gestion importants et réguliers. Il s’agit notamment de répondre aux exigences des usagers et des riverains, qui considèrent souvent qu’entretien rime avec « propreté ». Mais pour favoriser la biodiversité dans des espaces extérieurs, il est préférable de pratiquer la gestion différenciée des espaces verts. De quoi s’agit-il ? Quelles différences avec la gestion écologique ?

Gestion différenciée : pour sortir des conventions et prendre en compte les particularités des typologies d’espace

La gestion différenciée est un protocole de gestion et d’entretien adapté à chaque espace vert, en fonction de la nature du sol, des espèces végétales présentes, des potentialités écologiques, des activités pratiquées, etc…

Il s’agit, par exemple, réduire la fréquence d’entretien, ce qui se traduit généralement par une diminution des temps de gestion et ainsi par une maîtrise des coûts. On peut également associer des espaces végétalisées maîtrisés avec des espaces plus « libres », comme, par exemple, des prairies fleuries ou des bosquets denses.

Les principaux objectifs de la gestion différenciée sont :

  • Améliorer la diversité des espaces en tenant compte de leur potentiel écologique
  • Optimiser la qualité des espaces, notamment en réduisant l’impact des travaux d’entretien sur le sol, la faune et la flore
  • Rationnaliser les coûts de maintenance

 

Les espaces verts peuvent ainsi être classés en fonction de la pression d’entretien et de la volonté de maîtriser le végétal : de l’espace purement ornemental à des espaces (presque) naturels où les espèces natives sont favorisées. 

Bon à savoir :

  • Une prairie demande 5 fois moins de temps d’entretien qu’une pelouse
  •   Un massif de vivaces demande 3 fois moins de temps d’entretien qu’un massif de (bis)annuelles.

Gestion écologique : pour aller plus loin

La gestion écologique consiste à mettre en œuvre des pratiques d’entretien respectueuses de l’environnement et de la biodiversité. Elle trouve son origine dans le principe de gestion différenciée. L’association des deux modes de gestion permet de créer un milieu favorable à la biodiversité tout en répondant aux besoins et aux attentes des usagers.

La gestion écologique promeut notamment :

  • L’absence de produits phytosanitaires,
  • La réutilisation de la matière organique sur place,
  • La réduction du recours à l’arrosage,
  • La maintien d’habitats ou la création d’aménagement permettant l’accueil de la faune,
  • Des interventions minimalistes,
  •  etc.

A noter :

Le 1er janvier 2017, la Loi sur la transition énergétique pour la croissance verte (Loi Labbé) a interdit l’utilisation de produits phytosanitaires par les collectivités territoriales. Cette mesure s’est étendue aux particuliers depuis le 1er janvier 2019.Le Ministère de la transition écologique et solidaire et ses partenaires ont mis en place le site www.jardiner-autrement.fr pour accompagner ce changement. 

Une composante commune indispensable : la sensibilisation

La mise en place d’une gestion écologique entraîne des changements visibles :

  • Espaces laissés en « friche »,
  • Développement d’espèces spontanées dû à la non utilisation de produits phytosanitaires,
  • Branchages et bois mort laissés sur une partie du site pour l’accueil de la faune,
  • Etc.

Ces changements peuvent surprendre une partie des riverains. Pourtant, les espèces se développant spontanément ne sont pas des « mauvaises herbes » ! Ce sont bien souvent des espèces natives, ayant toute leur place dans les espaces verts.

Il est donc important d’expliquer l’intérêt d’une telle gestion. De plus, communiquer avec les riverains permet de les sensibiliser à la biodiversité, de les impliquer dans le projet (utilisation du compost…) et de promouvoir les différents usages des espaces (jardins partagés…).

1/3 des personnes n’est pas dérangé par la végétation spontanée tandis que 1/3 l’interprète comme un abandon ou une négligence de la part du gestionnaire (Plante & Cité, 2011). 

Enfin, le label Ecojardin, outil à la fois méthodologique et de communication, permettra de valoriser les actions mises en place.

Hélène SOYER
Spread the love