Nature en ville / Idée reçue #1 – Diversité des espèces

La ville est souvent représentée par opposition à la campagne et aux milieux naturels. Celle-ci serait ainsi un milieu dénué de nature, dans laquelle même les espaces végétalisés se doivent d’être maitrisés. Mais qu’en est-il réellement ? La biodiversité est-elle si pauvre qu’on se l’imagine ? et la nature si maîtrisée que cela ?

La ville, une potentielle zone d’accueil de la biodiversité

L’urbanisation provoque une baisse de la biodiversité, notamment car elle engendre artificialisation des sols, rupture du continuum écologique, pollution ou encore dérangement de la faune. Néanmoins, le milieu urbain peut offrir des espaces favorables à l’accueil de la faune et de la flore.

La ville accueille une biodiversité composite, incluant des :

  •  Espèces natives (indigènes) aptes à s’adapter aux conditions urbaines, le plus souvent très rudes. Certaines espèces sont capables de pousser dans le moindre interstice, sur le moindre bout de terre ou dans des milieux pollués.
  • Espèces exogènes, souvent importées par l’homme (via les aménagements ornementaux, par exemple)

Cette biodiversité peut même être plus importante dans les espaces urbains et périurbains que dans certains espaces ruraux. Ceci en raison des paysages peu diversifiés, de la destruction des habitats naturels et de l’utilisation importante de pesticides par l’agriculture intensive et/ou spécialisée. Ainsi, 8% des villes serviraient de refuge à des espèces végétales menacées d’extinction et 30% à des espèces d’oiseaux menacées d’extinction (The Royal Society, 2014).

Florilège de biodiversité urbaine

Les habitats

En milieu urbain, on rencontre les éléments suivants :

  •  Parcs, squares et jardins : historiquement très maitrisés, ils tendent à laisser une place de plus en plus importante à la diversité, via une conception de plus en plus tournée vers les fonctions des espaces de nature et une gestion différenciée et/ou écologique.
  •  Friches urbaines : riches en espèces floristiques et faunistiques, elles sont souvent mal perçues (« espace abandonné », « mauvaises herbes »). La modification de la représentation de la nature en ville est donc un enjeu majeur pour l’acceptabilité de ces friches.
  •  Bassins de rétention et de filtration des eaux pluviales, étangs artificiels et mares.
  •  Cours d’eau, leurs berges et leurs ripisylves (haies bordant les cours d’eau)
  • Toitures, façades et voies végétalisées
  •  Cimetières, stades ou camping
  • Pieds d’arbres, trottoirs, délaissés, tunnels du métro, etc. 

Ces éléments sont autant de supports potentiels de biodiversité, chacun de ces biotopes présentant des caractéristiques différentes. 

Oxalis sp.

La faune et la flore

Certaines espèces ont su prospérer en milieu urbain. Ce sont en majorité des espèces dites généralistes, c’est-à-dire aptes à s’adapter à différentes conditions environnementales. En ville, les espèces peuvent présenter les caractéristiques suivantes :

  •  Cavicoles (s’abritant dans les cavités) : Pipistrelle commune, Chouette hulotte…
  •   Rudérales (végétaux affectionnant les espaces ouverts, perturbés ou instables) : Plantain, Séneçon commun, Matricaire odorante…
  • Ubiquistes (pouvant s’adapter à de nombreux habitats différents) : Goéland argenté, Aubépine…
  • Se déplaçant en pas japonais (espèces pouvant se rendre d’un espace favorable à un autre, en traversant les espaces non favorables) : Mésanges, Fauvettes…

On rencontre également des espèces spécialistes des milieux bâtis (Hirondelle de fenêtre, Hirondelle rustique, Moineau domestique, Rouge-queue noir, Tourterelle turque…). Une espèce est considérée comme spécialiste d’un milieu si elle est deux fois plus abondante dans celui-ci que dans tous les autres réunis. 

On dénombre à Paris plus de 2900 espèces sauvages différentes (Atlas de la Nature à Paris, 2006). 

On peut ainsi croiser dans la capitale : le Faucon pèlerin, le Martin pécheur, le Triton palmé, le Paon du jour (papillon) ou encore l’Orphys abeille (orchidée).

Faucon_pelerin
pixabay

Favoriser les espaces végétalisés pour favoriser la biodiversité

Pour sa survie, une espèce doit disposer d’un habitat et de conditions favorables pour se déplacer et subvenir à ses besoins vitaux (alimentation, reproduction, repos). Favoriser la nature en ville passe donc par le maintien ou l’aménagement d’espaces permettant l’accueil des espèces et leur déplacement

 

Ainsi, il est tout à fait possible de prévoir un projet urbain favorisant la biodiversité. Cela grâce à une démarche concertée, incluant les outils et les compétences nécessaires à la mise en œuvre de celui-ci : inclusion du projet dans la trame écologique urbaine, recréation de conditions favorables à l’accueil des espèces, appropriation du projet par les parties prenantes, etc

Hélène SOYER
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