Dans la peau de l’Immortelle des dunes - Helichrysum stoechas (L.) Moench

Enchanté, je me prénomme l’Immortelle des dunes. Peut-être m’avez-vous déjà observé dans un vase, ou pire, un « pot-pourri » ! Or, il se trouve que ma vie, en réalité, est nettement plus palpitante. Alors laissez-moi me présenter…

 

Couleur doré et senteurs épicées

Discrète (entre 10 et 40 cm), c’est souvent grâce à mon odeur agréable d’épices ou à mes fleurs jaune d’or que vous, êtres humains, me distinguez. Certains plaisantins me surnomment d’ailleurs la « plante-curry ». Si vous me cherchez dans mon habitat naturel et dans toute ma splendeur : observez les sables dunaires des littoraux méditerranéens. Dans une moindre mesure, vous pouvez également avoir la chance de me rencontrer sur le littoral atlantique : depuis le Pays basque jusque dans le Finistère. Parfois, au détour d’un chemin rocailleux ou dans les causses du sud de la France, j’aurai l’occasion de vous surprendre, loin de la mer.

Au niveau du Massif armoricain, je fleuris entre juin et septembre. Cependant, mes fleurs peuvent apparaître dès le mois d’avril dans le sud de la France.

 

Helichrysum stoechas : La lavande spiralée dorée… et immortelle

Vous vous demandez probablement d’où me vient ce nom un tantinet orgueilleux. Figurez-vous que le descriptif d’immortelle ne tient pas à ma longévité, qui n’a rien d’exceptionnelle, mais au fait qu’il m’arrive de paraître fanée en pleine période de floraison, un peu comme si j’étais encore capable de me reproduire malgré mon aspect tout sec.

floraison immortelle des dunes

L’étymologie de mon nom scientifique, Helichrysum stoechas, reste, pour partie, un mystère.

En effet, « heli » proviendrait soir du grec helios signifiant « soleil », soit du latin helix signifiant « enroulé » ou « spiralé ». Cette seconde hypothèse retiendrait les suffrages, à cause du bord de mes feuilles, linéaires et étroites mais enroulées sur les bords.

« Chrysum » viendrait du grec « chrusos » signifiant « or », ce qui serait plus logiquement associé à la couleur de mes fleurs.

Enfin, « stoechas » provient du grec « stoichas » qui signifie « lavande ». En référence, peut-être, à la proximité avec Lavandula stoechas (la Lavande bleue) qui partage quelques similarités avec moi, dont le caractère odorifère et le milieu de vie.

 

J’existe : n’est-ce pas suffisant ?

Vous, êtres humains, aimez savoir à quoi nous pouvons servir… Mais notre existence et notre préservation doit-elle forcément être liée à une quelconque utilité ? Et d’ailleurs, pourrais-je vous rétorquer, à quoi m’êtes-vous nécessaire, si l’on ne doit vivre que lorsque nous sommes « utiles » ?

Passons outre ce débat, car je vais vous citer, pêle-mêle et sans être exhaustive, les usages que l’on a fait de mes consoeurs. Ceux-ci sont variés : parfum pour légumes et céréales, utilisation contre les rhumes, les symptômes grippaux et certaines infections (bronchite, sinusite, etc), usage diurétique, et même ingrédient du ratafia (liqueur de noix vertes de Catalogne).

A votre tour d’être utiles, chers humains !
Immortelle des dunes illustration
©Hélène Soyer

Malgré les apparences et même si je forme parfois des populations vastes et denses sur les dunes (ma progression est d’ailleurs un marqueur de la stabilisation de la dune), je suis en régression, malmenée par le piétinement et la surfréquentation des dunes maritimes. Par ailleurs, l’abandon des pratiques pastorales extensives sur les milieux que j’affectionne, engendre le développement de buissons et autres ronciers, qui me font de l’ombre, c’est bien le cas de le dire !

Si mon réquisitoire a été suffisamment convaincant : soyez vigilants ! Ne me piétinez pas, ne me cueillez pas !

J’aurai cependant un peu moins de pitié pour deux intruses que l’on peut observer en Bretagne. En effet, dont je suis à l’origine la seule représentante des immortelles dans cette région. Néanmoins : 2 chipies se sont échappées de vos jardins et prennent ma place : l’Immortelle fétide (Helichrysum foetidum) qui comme son nom l’indique développe une odeur à mille lieues de celle que je produis, et l’Immortelle d’Italie (Helichrysum italicum) dont les capitules sont tout petits (<4 mm), alors que les miens sont compris entre 4 et 6 mm.

Pour conclure cet entretien : faites-moi de la place, et pas seulement dans une composition de fleurs séchées !

Les idées à retenir pour briller à la pause-café :

L’Immortelle des sables est une plante vivace, ce qui signifie que ses organes végétatifs (tiges, feuilles, fleurs, etc) sont, au moins pour partie, visibles toute l’année.

Cette espèce est dite psammophile, c’est-à-dire qui affectionne les milieux sableux. Elle est également basophile, préférant donc les sols basiques comme, par exemple, les calcaires. Et enfin xérophile, c’est-à-dire préférant les milieux secs.

Elle est dite polymorphe, ce qui signifie qu’elle peut prendre des aspects différents, en fonction du climat, de l’exposition au vent, des caractéristiques génétiques de la population, etc.

Dans la très grande famille des Astéracées (Camomille, Pâquerette, Marguerite, etc), les fleurs sont regroupées en capitules. En effet, ce qu’on imagine être des pétales sont en réalité des fleurs ligulées (en forme de bandes étroites) et la partie centrale est composé en réalité de fleurs tubulées (en forme de tube).

L’Immortelle des dunes est protégée dans plusieurs départements, de manière plus ou moins stricte. Par exemple, dans le Finistère, sa cueillette est réglementée pour limiter la pression sur l’espèce.

Vous souhaitez mieux connaitre l’Immortelle des dunes, c’est par ici :

Jean-Marie Fournier
Spread the love