- Jean-Marie Fournier
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- 08/09/2025
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Dans la peau de la Wahlenbergie - Wahlenbergia hederacea
Wahlenbergia hederacea (L.) Rchb. / Hesperocodon hederaceus (L.) Eddie & Cupido, 2014
Malgré un nom qui ne passe pas inaperçu, je suis une plante qui sais me faire discrète et reste prostrée. Pour m’observer, il faut ouvrir l’œil, et le bon !
Comme ma timidité me pousse à être peu volubile, je m’épancherai peu sur mes caractéristiques et serai brève.
Un peu d’étymologie
Pour faire simple, je ressemble à une petite campanule, dont je partage la même famille : les Campanulacées (issu du latin campana, signifiant « cloche », à cause des fleurs bleues pâles pouvant faire penser à des clochettes). D’ailleurs, un de mes autres petits noms est « Campanille à feuilles de lierre », le terme « campanille » faisant de nouveau référence à mes fleurs en forme de petites cloches. Quant à mes feuilles, leur forme évoque effectivement celles du lierre grimpant, bien qu’elles soient nettement plus petites (1 à 2 cm) et d’un vert plus clair.


Et pour me rencontrer ?
Contrairement au Lierre grimpant, j’ai tendance à m’étaler sur le sol et à m’enchevêtrer parmi les herbes et autres plantes environnantes. Et comme je suis petite (30 cm de hauteur grand max), il faut un bon sens de l’observation ! Mais aussi savoir où l’on est susceptible de me rencontrer (ça aide !)

En général, je préfère les zones marécageuses et les pelouses ou prés très humides, sur sols siliceux, dans un secteur ensoleillé. Je vis jusqu’à environ 1000m d’altitude, dans une grande partie de l’Europe bien que principalement sur la façade maritime ouest et nord.
En France, on me trouve principalement en Bretagne, à l’ouest de la Normandie, dans le Massif Central et au sud-ouest jusqu’aux Pyrénées. Ailleurs, ma présence est plus anecdotique, voire tout à fait surprenante. C’est la raison pour laquelle, je suppose, vous m’avez conféré un statut de protection dans quelques-unes de vos régions, notamment en Ile-de-France, en Bourgogne et dans le quart nord-est de la métropole. Et si j’ai tendance à régresser, c’est principalement dû au recul de mon habitat de prédilection, le pré humide, qui nécessite des interventions agricoles, notamment la fauche.
Autre indice pour vous aider à me trouver : cherchez-moi entre juin et septembre (voire octobre), car c’est ma période de floraison, et cela facilitera vos recherches.
Quid des autres « campanilles » ?
Je reviens à mon nom, qui a probablement attisé votre curiosité. Le nom de genre, Wahlenbergia, provient tout simplement d’un hommage, à un éminent botaniste suédois : Göran Wahlenberg. Celui-ci a été honoré, en 1821, par Albrecht Wilhelm Roth, la première personne à avoir décrit le genre.
Et qu’en est-il de mes comparses ? Bon, comme nous serions entre 150 et 270 espèces selon la littérature, je ciblerai quelques espèces qui présentent des caractéristiques intéressantes. Les voici.

Tout d’abord, place à Wahlenbergia androsacea, qui nous vient de l’Afrique australe, et dont les feuilles sont réputées comestibles une fois cuites.
Source : www.zimbabweflora.co.zw/

Puis Wahlenbergia marginata, qui est une petite campanille également, pérenne. Elle est prisée de certains jardiniers pour ses petites fleurs étoilées bleues qui fleurissent plus tôt que moi (dès avril).

Enfin, je termine avec Wahlenbergia gloriosa, plante de jardin qui propose des fleurs plus grandes et pendant presque toute l’année. Pour les amatrices et amateurs de belles floraisons !
Source : anbg.gov.au
Les idées à retenir pour briller à la pause-café :
La Wahlenbergie produit des stolons, qui sont des tiges aériennes rampantes, avec des feuilles réduites, et radicantes, c’est-à-dire que la tige peut, au contact du sol, développer des racines. Ce sont ces propriétés qui permettent à la plante de tapisser les sols.
Chorologie : études de la répartition actuelle et passée des espèces, qui peuvent par exemple permettre de savoir si une espèce régresse ou non, et dans quelle(s) zones géographique(s), sous quelle(s) altitude(s), etc
La Wahlenbergie est dite « hémicryptophyte » (à moitié cachée), c’est-à-dire que ses bourgeons passent l’hiver au niveau du sol, rendant la plante très peu visible durant une partie de l’année.

Vous souhaitez mieux connaitre la Wahlenbergie, ou Campanille à feuilles de lierre, c’est par ici :
- Le site scientifique de référence : fiche INPN
- Tela Botanica : Fiche espèce – Tela Botanica
- Conservatoire Botanique National de Brest : Fiche espèce – CBNBP
Crédits photo :
MA Hyde
JK Marlow
Ecologue, il est spécialisé en botanique: vous pourrez le croiser entrain d'observer la flore, sur les milieux naturels mais aussi urbains. A moins qu'il ne soit munis de sa tarière car Jean-Marie est également expert dans la reconnaissance et le fonctionnement des zones humides
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