Dans la peau du Demi-deuil – Melanargia galathea

Demi-deuil, mais quel est encore ce drôle de nom que vous êtes allés chercher ? Il me file le bourdon ce nom.

A travers cet article et ma présentation, vous verrez que je suis un papillon loin d’être triste et j’espère ainsi vous donner envie de m’inviter chez vous, dans votre jardin ou sur votre balcon.

Mes ailes, mon atout

Avant de commencer, parlons d’abord étymologie. Mon nom scientifique est Melanargia qui vient du grec ‘melas’ qui veut dire noir et ‘argos’ qui signifie blanc. Mon nom Demi-Deuil fait référence à une ancienne pratique datant de l’époque victorienne au 19ème siècle, où les personnes portaient le deuil très longtemps. La fin de cette période était marquée par le port de vêtements de couleurs noirs pouvant être couplés avec du blanc.

Bon ce n’est pas très joyeux tout cela… J’aimerai que l’on s’attarde plus sur les motifs de mes ailes, que sur mes couleurs car en y prêtant attention, vous constaterez que je suis une véritable œuvre d’art. La raison en étant le graphisme et les motifs complexes qui ornent mes ailes.

Vous les humains, y voyez un damier et c’est d’ailleurs pour cette raison que le 2ème nom commun qui m’est attribué est : l’Echiquier commun. Je dois vous dire que je préfère ce nom.

Les anglosaxons comparent même les motifs de mes ailes à du marbre, pas mal n’est-ce pas ?

Voici une brève description de celles-ci :

  • la face antérieure est blanche avec des grandes tâches noires
  • la face postérieure est blanche avec un quadrillage noir et ponctué de quelques points noirs dans ces quadrillages.

Sachez également que nous sommes très similaires entre mâles et femelles. La différence réside dans la couleur du fond de l’aile postérieure : il est jaune clair chez la femelle et blanc chez les mâles. 

Je vous l’accorde, il faut avoir l’œil d’un naturaliste pour réussir à nous discerner !

Accouplement demi deuil_Cassiopée2010
Accouplement de mâle et de femelle ©Cassiopée2010

Où me rencontrer

En France, je suis présent partout, sauf en Corse. Vous pouvez également m’observer en Afrique du Nord et dans une bonne partie de l’Europe.

Si vous cherchez à me croiser, allez dans des milieux ouverts comme les pelouses, les prairies fleuries, les friches et les clairières, car j’aime les milieux chauds. N’essayez pas de me trouver en forêt, c’est trop ombragé et frais pour moi.

Si vous voulez tout savoir, j’ai une nette préférence pour les prairies naturelles, ni trop pâturées et ni trop fauchées.

Quand la chenille devient papillon

Avant de devenir le magnifique papillon que je suis, j’ai commencé ma vie en tant que chenille boulimique. Mon activité favorite ? Manger encore et encore.

Je me suis nourri  de graminées comme les brachypodes, les bromes, les fétuques, les dactyle, l’oyat, les houlques ou encore de Phléole des prés, ma préférée.  J’ai pratiqué cette activité de nuit, pour éviter d’être prédaté par ces satanés oiseaux qui cherchaient à nourrir leurs oisillons.

Après une période d’hivernage, mon activité gloutonne a repris de plus belle au printemps suivant pour faire des réserves avant d’entreprendre ma métamorphose en papillon.

Je me suis alors lancé dans la fabrication d’une chrysalide blanchâtre-jaunâtre, près du sol, à l’abri dans un réseau soyeux et lâche.

Le temps de ma métamorphose a duré un peu moins d’un mois et, pour ma part, je suis sorti de ma chrysalide au mois de juin. Je suis passé de petite chenille de quelques millimètres, à papillon de 41-51mm, ce qui me place parmi les papillons de taille moyenne. 

Lors des chaudes journées de fin de printemps, nous pouvons être une dizaine d’individus à émerger de nos chrysalides et à voler dans les prairies, très beau spectacle assuré !

croquis chenille demi deuil
©Hélène Soyer

Mes histoires de cœur

Alors oui, il est vrai qu’une fois devenu ce bellâtre, mon objectif premier est de conquérir des cœurs.

Je m’active uniquement la journée, durant laquelle je cherche des femelles en patrouillant au-dessus des prairies. Croyez-moi, très peu de papillons sont aussi actifs que moi.

Pour me requinquer, je me nourris de nectar de fleurs de ronces, de scabieuses, de centaurées et de chardons.

Une fois que la reproduction a eu lieu, j’observe mes partenaires femelles abandonner leurs œufs au vol ou depuis un perchoir.

Sachez que la période de vol, chez nous les demi-deuils, s’étale de mai à septembre, ce qui vous laisse le temps de nous chercher une partie du printemps et tout l’été.

Demi Deuil _ Melanargia galathea
©Jean-Marie Fournier BE Nat'

Comment faire pour nous inviter chez vous ?

Comme je le disais précédemment, j’ai besoin d’espaces ouverts au soleil et d’une diversité de ressources alimentaires en feuilles et en nectar pour nourrir, aussi bien nos chenilles, que nous les adultes.

Si vous possédez un petit coin de jardin, vous pouvez semer une prairie, dans des zones ensoleillées. Si vous êtes en ville, proche d’espaces verts, vous pouvez semer quelques espèces mellifères sur votre balcon.

Le plus important est de ne surtout pas utiliser de pesticide, je ne les supporte pas. Et, avec un peu de patience, vous aurez peut-être la chance de m’observer butiner vos fleurs par une belle journée ensoleillée.

Les idées à retenir pour briller à la pause-café :

Le Demi-deuil est un rhopalocère, c’est-à-dire un papillon de jour. Les papillons de nuit sont appelés hétérocères.

En Breton, le Demi-deuil se dit Duig tarchoù gwenn

En anglais son nom est « marbled white » ce qui signifie blanc marbré.

On peut le confondre avec l’Echiquier d’Esper Melanargia russiae qui est plus rare et méridional.

C’est une espèce univoltine, c’est-à-dire qu’il ne fait qu’une seule génération par an. Les œufs pondus par une femelle donneront des papillons que l’année suivante.

Pour aller plus loin :

  1. Fiche INPN Demi-deuil
  2. Guide Pratique des papillons de jour- Guide Delachaux et Niestlé- avril 2022
  3. Atlas des papillons diurnes de Bretagne- Locus solus- juillet 2017

Crédit photo :
Cassiopée2010 | Flickr

Alicia Denneulin
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