- Alicia Denneulin
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- 20/06/2023
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Dans la peau du Lucane cerf-volant – Lucanus cervus
Bonjour à vous, je me présente je suis le Lucane cerf-volant. Peut-être m’avez-vous déjà croisé au pied d’un vieil arbre, à combattre tel un gladiateur les autres mâles qui oseraient s’approcher de ma dulcinée. Mais n’ayez crainte, sous cette allure de guerrier se cache un animal plutôt tranquille.
Si petit et pourtant si grand
Lucane, Cerf-volant ou Grande Biche sont les noms les plus utilisés pour me nommer, mais pourquoi ce nom me direz-vous ?
Tout s’explique par les grandes mandibules que nous, les mâles, arborons fièrement pour plaire à l’élue de notre cœur. Ces fameuses mandibules qui, par leur forme, sont comparés aux majestueux bois du cerf. C’est donc par réciproque que nous appelons notre bien aimée « Biche ».
Et pourquoi « volant » ? Tout simplement parce que nous volons… Certes, difficilement et bruyamment il faut bien le dire, en raison du poids de nos mandibules. Sachez cependant, pour ma défense, que c’est une prouesse vu ma taille. Eh oui, nous sommes les plus grands coléoptères d’Europe, nous pouvons atteindre jusqu’à 8 cm de long pour nous les mâles et 5 cm pour les femelles.
Pour le reste de notre corps, les couleurs de nos élytres (nos ailes « du dessus ») peuvent varier du marron au noir.
Avec ma tête atypique j’intrigue ou je fais peur. Cependant, je suis d’un tempérament pacifique : je ne vous ferai aucun mal. Mais n’en profitez pas pour m’embêter car je saurai me défendre (et surtout ma « Biche » qui a du mordant).
Présent mais discret
Je suis présent dans toute la France, ainsi qu’en Europe occidentale et centrale : autant dire un peu partout. Et pourtant, vous ne m’avez peut-être jamais vu… Pour cela, il faut savoir où me trouver !
Je suis un insecte qui apprécie les milieux arborés donc les bois, les parcs, les haies, les chemins forestiers, les lisières et les trouées forestières sont autant d’habitats où vous pourrez m’observer. J’ai un attrait pour les feuillus et plus particulièrement pour le Chêne. Mais attention je suis exigeant : vous ne me trouverez certainement pas dans des milieux où de jeunes arbres ont été plantés mais plutôt aux pieds de vieux arbres malades ou sur le point de mourir. Cela ne vous semble peut-être pas joyeux, pourtant, sachez que ces vieux arbres grouillent de vie ! C’est d’ailleurs là que se déroule toute notre existence…
Une vie de guerrier des bois
Maintenant que nous sommes un peu plus familiers, laissez-moi vous expliquer pourquoi l’arbre fait partie intégrante de ma vie.
Avant d’avoir cette allure de combattant, j’étais une larve, nichée au sein des racines d’un vieil arbre où je me nourrissais de bois mort pendant 2 ans (pour certains congénères, cela peut durer 5 ans !). Une fois que je me suis senti suffisamment gras pour affronter la vie, je me suis enterré plus profondément dans la terre pour entamer ma phase de transition de nymphe à insecte adulte.
Une fois prêt à quitter mon arbre, qui m’a nourri et vu naître, je pars la nuit (ou au crépuscule) à la recherche de ma future « Biche ». Celle-ci m’attend au pied d’un arbre vieillissant. Cependant, je ne suis pas le seul à être tombé sous son charme. Une terrible bataille se déclare entre moi et mes adversaires. Notre objectif : gagner le cœur de notre belle. Suite à une féroce bataille, la victoire me revient.
Après une nuit de noce bien méritée, je fini par mourir de fatigue au pied d’un arbre. Ma « Biche », quant à elle, dans un dernier effort, pond ses œufs dans le sol au pied d’une souche de bois mort.
L’arbre nous a vu naître, et mourir, puis verra notre progéniture grandir : la boucle est bouclée.
Voyez les choses en grand
D’autres coléoptères peuvent nous ressembler, c’est le cas de la « Petite biche » qui a le même mode de vie que nous et dont le mâle et la femelle ressemblent fidèlement à ma bien-aimée. Mais dans ce cas, comment nous différencier ? Ouvrez l’œil :
- Leur taille maximale va jusqu’à 4cm alors que nous sommes généralement plus grand
- La couleur de leurs élytres est généralement noire mat avec un aspect granuleux tandis que les nôtres ont toujours un aspect lisse.
- Uniquement 1 épine sur leur patte postérieure alors que nous, nous en avons entre 2 et 3.
Vous êtres maintenant des experts, vous ne pourrez plus nous confondre.
Si notre histoire de guerrier et de princesse vous a plu, alors s’il vous plaît conservez les vieux arbres et laissez les arbres morts sur place. Et si certains doivent être retirés pour des raisons de sécurité, alors déposez-les au sol, je saurai m’en délecter.
Les idées à retenir pour briller à la pause-café :
- Le terme de Lucane fait référence à la région de Lucanie en Italie, où cette espèce a été vue pour la première fois.
- Vous aurez plus de chance de l’observer la nuit ou au crépuscule.
- Les larves sont saproxylophages, c’est-à-dire qu’elles se nourrissent du bois mort. Les adultes peuvent se nourrir, quant à eux, de sèves des plaies des arbres et de nectar.
- Sa présence peut être confirmée à travers les « macro-restes » laissés au sol qui constituent les éléments non ingérés par le prédateur du Lucane.
- Cet insecte n’est pas protégé en France alors que ces populations sont en déclin. il est donc inscrit à l’annexe II de la Directive européenne « habitat, faune, flore » de 1992.
- Le Lucane fait l’objet d’une mission de science participative « En quête d’insectes ! je crois que j’ai vu un Lucane Cerf-volant » mené par l’OPIE.
Vous souhaitez mieux connaitre notre ami le Lucane cerf-volant :
- Le site scientifique de référence Fiche INPN- Lucane cerf-volant
- Fiche espèce de la LPO : Fiche espèce-Lucane cerf-volant
- Enquête sciences participatives de l’OPIE : Enquête-sciences participatives-OPIE
Elle est spécialiste de l'avifaune mais aussi de l'entomofaune des milieux urbains et péri-urbains. Elle apprécie également la photo et l'observation naturaliste, car il y a toujours de belles rencontres à faire sur le terrain.