- Hélène SOYER
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- 28/02/2025
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Dans la peau de l’Utriculaire commune- Utricularia vulgaris
Approchez, approchez chers humains … J’ai beau être « carnivore », je ne vous croquerai pas. Vous m’appelez Utriculaire commune, mais le suis-je tant que ça ? D’ailleurs, avez-vous déjà entendu parler de moi ? Je n’en suis pas si sûr. Voici donc mon portrait.
Une jolie petite plante… qui aime l’eau
Peut-être avez-vous déjà observé mes fleurs d’un jaune vif, dépassant de l’eau. Mes tiges florifères mesurent entre 50 à 150 cm de long et émergent de l’eau de 10 à 30 cm. Il est vrai que vous ne me verrez pas pendant l’hiver. A cette période, je me retire au fond de l’eau, ne réapparaissant à la surface que lorsque celle-ci se réchauffe. Mes fleurs n’écloront qu’entre juin et août.

A noter que je ne possède pas de racines. Je me pose sur d’autres plantes ou le fond de l’eau. Mais, je peux également me retrouver en suspension, proche de la surface, afin de permettre ma floraison. Mes rameaux flottants peuvent atteindre une longueur d’un mètre.
Vous l’aurez compris, j’affectionne les eaux douces comme les étangs ou les mares. D’autant plus, si celles-ci sont calmes et peu ombragées. Il parait que, pour vous chers humains, je suis une bio-indicatrice, témoignant de la bonne préservation du milieu et de l’absence de pollutions.
Enfin, les milieux où je vis étant pauvres en nutriments, me voilà donc obliger de compenser ce manque autrement.
Une jolie petite plante… qui a du mordant !
Eh oui, j’ai beau être un végétal, je suis aussi carnivore. Je figure parmi les rares plantes capables de digérer des micro-organismes.
Je capture les larves d’insectes qui se posent sur mes rameaux, à la surface de l’eau. En effet, je les immobilise grâces à mes poils et les aspirent dans une petite outre. Celle-ci se nomme utricule, d’où mon nom !
Vos congénères scientifiques ont étudié le mécanisme de mon piège foudroyant, à l’aide d’une caméra ultrarapide. Car je suis très efficace : la capture est faite en moins d’une milliseconde. Ensuite, je digère tranquillement mon repas grâce aux enzymes digestives qui entrent en action.

Une jolie petite plante… qui fait tourner en bourrique les botanistes
Ma famille, à savoir le genre Utricularia, est grande ! Dans le monde, il existe, en effet, 180 espèces d’utriculaires (dont 6 pouvant vivre sous l’eau, que l’on trouve en France).
Il faut bien avouer qu’il est difficile de me différencier de mes cousines subaquatiques. Je ressemble tellement à Utricularia australis (Utriculaire du midi), que les erreurs d’identification sont nombreuses, même par les botanistes.
Pour éviter les erreurs, il faut observer de la forme du calice : ces sortes de petits appendices juste à la base des fleurs. Celles-ci permettent de déterminer à quelle espèce appartient l’utriculaire vous avez à faire. Les miennes sont rouge brun, le lobe supérieur est ovale-en forme de lance, tandis que l’inférieur est largement ovale et échancré. Mais cela reste assez compliqué pour des non-initiés, je vous l’accorde.
*Voir aussi planche botanique, plus haut


Nous voici à la fin de ma présentation. Avant de vous quitter, j’aimerais préciser que je suis une espèce globalement rare en France et en régression dans la plupart des régions. Je suis principalement menacée par la destruction des milieux aquatiques (comblement, travaux, pollution, eutrophisation…). Ainsi, si vous souhaitez pouvoir vous exercer à m’identifier, pensez d’abord à préserver mes habitats naturels !
Les idées à retenir pour briller à la pause-café :
L’utricule est un petit organe en forme d’outre porté par certains végétaux. Celui-ci a donné son nom à l’utriculaire commune.
On peut souvent observer l’utriculaire commune posée sur des characées (algues qui forment généralement un tapis dense).
En botanique, le calice est un organe floral (comprenant l’ensemble des sépales) qui constitue la partie externe de la fleur, située à la base des pétales (l’ensemble des pétales formant la corolle).
En botanique, lancéolé est un terme qui caractérise une forme « de lance », c’est-à-dire : allongée, ovale et se termine en pointe
Subaquatique désigne ce qui se trouve ou s’effectue sous la surface de l’eau
Les végétaux, organismes photo-autotrophes, sont capables d’utiliser l’énergie lumineuse pour réaliser la synthèse de molécules organiques, à partir de composés minéraux. En effet, un organisme autotrophe au carbone est capable de synthétiser ses propres molécules complexes à partir de sources simples du carbone, telle le dioxyde de carbone (CO2).
Vous souhaitez mieux connaitre l’utriculaire commune :
- Le site scientifique de référence : INPN_Utricularia vulgaris
- L’article du site Données d’Observations pour la Reconnaissance et l’Identification de la faune et la flore Subaquatiques (DORIS) : ANDRES Cathy, COROLLA Jean-Pierre, KUPFER Michel in : DORIS, 04/12/2018 : Utricularia vulgaris L., 1753
- La clé de détermination des Utriculaires du Massif armoricain du Conservatoire National Botanique de Brest : Clé utriculaires
Crédits photo :
Pluridisciplinaire: elle réalise les missions d'accompagnement stratégique mais aussi la communication, l'administratif ou encore la médiation scientifique. Enfin, Hélène aime griffonner les illustrations des articles BE Nat'
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