- Hélène SOYER
- Articles, Nature en ville
- 26/06/2019
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Nature en ville / Idée reçue #4 – Les ruches en ville
Il s’agit surement de la fausse bonne idée la plus répandue en ville. En pensant réaliser une bonne action pour les pollinisateurs, il est malheureusement possible de contribuer à leur disparition. Les ruches, c’est comme les antibiotiques : ce n’est pas automatique. Explications…
Les ruches urbaines ne favorisent qu’une seule espèce d’abeille…
… l’abeille domestique. Or, il existe beaucoup d’espèces d’abeilles, avec des caractéristiques différentes. Actuellement, on répertorie environ 1 000 espèces d’abeilles (dont les bourdons) en France. Rien que sur l’agglomération lyonnaise, 293 espèces d’abeilles ont ainsi été dénombrées.
Dans le monde, environ 225 000 espèces de plantes à fleurs sont pollinisées par 200 000 espèces d’animaux parmi lesquelles des hyménoptères (abeilles et guêpes principalement), des diptères (mouches syrphes), des lépidoptères (papillons) ou des coléoptères (charançons) (INRA 2013).
L’abeille domestique ou mellifère occidentale (Apis mellifera) est issue de l’élevage. Elle vit en colonie, généralement dans des ruches, et est en activité environ neuf mois par an. Au contraire, les abeilles sauvages sont souvent solitaires et leur saison d’activité est plus courte. Certaines espèces ne peuvent se nourrir que d’une seule plante. Elles font parfois 40 allers-retours entre leur habitat et leur fleur de prédilection pour remplir une seule cellule de couvain.
Elles peuvent entrainer une compétition entre espèces
Le milieu urbain étant très artificialisé, les ressources mellifères sont limitées. Une concurrence s’installe donc entre l’abeille domestique et les abeilles sauvages. En effet, ces dernières manquent de refuge et de nourriture. De plus, les parcs urbains sont colonisés par l’abeille domestique qui laisse peu de place pour ses cousines sauvages.
Enfin, l’espèce domestique peut être porteuse de maladies contagieuses qu’elle transmet aux espèces sauvages indigènes (Observatoire des Abeilles, 2015). L’introduction et l’amplification de plusieurs agents pathogènes par les ruchers font peser une réelle menace sur les hyménoptères sauvages.
Le bon choix, c’est de nourrir (toutes) les abeilles !
Maintenir la biodiversité, cela ne veut pas dire sauvegarder une espèce, mais préserver l’écosystème où elle vit.
L’apiculture peut s’avérer envahissante si elle est sur-représentée dans un territoire restreint, tel qu’une ville. Il est donc nécessaire de :
- Faire attention au placement et au nombre des ruches pour ne pas trop concurrencer les autres insectes pollinisateurs.
- Veiller à avoir une quantité et une qualité de plantes mellifères suffisamment importante et diversifiée pour nourrir ces insectes à différentes périodes de l’année.
Au final, l’idée gagnante est donc de planter des espèces végétales mellifères diversifiées. En effet, comme vu ci-dessus, certaines abeilles sont inféodées à une seule plante. Or si celle-ci disparaît, l’abeille disparaît avec. Entre 38% et 68% des abeilles sauvages sont menacés par un tel sort en Europe centrale, selon les régions.
Quelques exemples d’espèces floristiques intéressantes :
- Trèfle blanc – Trifolium repens. Plante très mellifère offrant des ressources au début de l’autonome (floraison d’avril à septembre)
- Sorbier des oiseaux – Sorbus aucuparia. Arbre mellifère qui contient nectar, pollen et propolis (matière résineuse utilisée par les abeilles)
- Ficaire – Ficaria verna. Plante mellifère à floraison précoce (dès février)
La diversité floristique, c’est bon pour toutes les abeilles et les autres insectes pollinisateurs. Et puis, un paysage fleuri et diversifié, c’est toujours agréable à regarder !
Pour en savoir plus : Plan « pollinisateurs »
Pluridisciplinaire: elle réalise les missions d'accompagnement stratégique mais aussi la communication, l'administratif ou encore la médiation scientifique. Enfin, Hélène aime griffonner les illustrations des articles BE Nat'
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