Dans la peau du Moineau domestique - Passer domesticus

Bonjour tout le monde ! Me voici : le piaf, le pierrot, le piou-piou… le Moineau domestique. L’équipe de BE Nat’ m’a chargé d’introduire leur nouvelle série d’articles sur les espèces mal connues. Vous pourriez être tenté de me répondre : « Mais enfin, drôle d’ambassadeur ! On connaît les moineaux, on en voit tous les jours dans les jardins ! ». Effectivement, vous nous voyez, mais êtes-vous certains de bien nous connaitre ? Allez, c’est parti pour les présentations.

Nous, moineaux, piafs du jardin…
Quand vous pensez aux oiseaux des jardins, vous visualisez : les mésanges et nous ! Nous sommes plus trapus que nos consœurs. On pèse trois fois plus lourd, avec notre corps charpenté et notre gros bec conique. Coté plumage : Madame préfère des couleurs gris-beige discrètes, tandis que Monsieur adopte des couleurs plus marquées, une bavette noire et un large bandeau châtain-roux.

A l’origine du mot « piaf », nos pépiements résonnent dans votre jardin. Surement plus intensément en début d’année, car je dois marquer mon territoire et mon nid. Eh oui : si je m’embête à le fabriquer sous vos avancées de toit, ce n’est pas pour rien ! J’apprécie, en effet, de vivre près de vous, amis humains. C’est pratique : je peux picorer les graines de vos jardins et vos champs ou les miettes de vos repas. Et je ne dis pas non à un petit puceron ou une belle chenille.

Bref, vous l’avez compris, je ne suis pas bien difficile et plutôt social. Certains diront même opportuniste ou ramasse-miettes. Pas très sympa ! Mais moins pire que votre dictionnaire encyclopédique Flammarion, de la fin du 19ème siècle, qui soulignait notre effet « fort nuisible ». Je ne voudrais pas paraitre désobligeant, mais c’est celui qui dit qu’y est !

et oiseaux cosmopolites

Vous saviez sûrement à quoi on ressemble, mais saviez-vous qu’on est reparti sur plusieurs continents : de la Laponie à l’Océanie, en passant par l’Afrique ? Ce n’est pas pour rien que le célèbre pirate a adopté notre nom anglais (House Sparrow).

Bon d’accord, nous ne voyageons pas à travers le monde comme nos confères migrateurs. Je suis, en effet, un sédentaire endurci : au même endroit, toute ma vie, en toute saison (prenez-en de la graine pour votre bilan carbone, les humains !). Vous pouvez nous observer dans toute la France, sauf en Corse (où vous rencontrerez notre cousin italien Passer italiae).

Vous vous demandez comment j’ai pu ainsi conquérir le monde, sans bouger de chez moi ? Eh bien vous n’êtes pas les seuls : d’autres humains ont étudié la question. Nous sommes originaires d’Eurasie, mais l’aire originelle précise reste floue. Mes ancêtres vous ont vite adopté. Ainsi, notre vaste répartition résulte d’une expansion en lien avec le développement de votre agriculture. De plus, certains de mes ancêtres ont été introduits, fin 19ème siècle, dans diverses régions du monde, telles que : l’Afrique du Sud, l’Argentine ou l’Australie.

Moineau domestique dessin
©Hélène Soyer

Moineaux et humains : une cohabitation pas si évidente

Eh oui, je fanfaronne avec notre répartition mondiale, mais notre population est fragile. Pour vous, nous sommes des oiseaux communs et abondants. Cependant, le Moineau domestique est une espèce en déclin : en France, on est même protégés par un arrêté ministériel !

D’après vos naturalistes, nous serions entre 2 millions et 10 millions de couples en France, mais en déclin de 11% depuis 2000. Chez nos voisins britanniques, c’est pire : la population a diminué de 25% entre 1990 et 2000. Mais la palme revient aux parisiens : dans la capitale, on observe une diminution de 73% en 13 ans. Oui, vous avez bien lu :  – 73% ! Le petit moineau mignon, picorant sur les tables des cafés parisiens, ne sera bientôt plus qu’un souvenir.

Alors, si vous ne voulez pas nous observer qu’en version empaillée dans la galerie des espèces éteintes du muséum d’histoire naturelle, il va falloir faire attention. Apprenez à connaitre nos besoins, renseignez-vous et agissez. Par exemple, pensez à nous lorsque vous rénovez vos façades : nos nids sont souvent dans les cavités de vos bâtiments ou sous les avancées de vos toits (pas de cavités = pas de nids = pas de nouveaux petits moineaux !). On ne vous gêne pas, alors laissez-nous (ou créez-nous) une petite place !

Ne nous confondez pas avec… les moineaux

J’ai effectivement de nombreux cousins moineaux. Nous les domestiques, on nous prend souvent pour des friquets et vis versa. Nous sommes du même genre, les Passer, mais pas de la même espèce (PS : vous nous confondez aussi avec l’Accenteur mouchet, alors qu’on n’est même pas de la même famille !). Je vais donc vous donner quelques astuces pour nous différentier :

reconnaitre moineau

Au total, j’ai une trentaine de cousins, plus ou moins éloignés, à travers le monde, comme le Moineau du Japon. Certes, c’est un cousin éloigné, du genre Lonchura qui regroupe notamment les capucins. Vous avez peut-être déjà lu son histoire dans les livres de contes pour enfant. Il s’agit du conte du moineau à la langue coupée, mais ne vous inquiétez pas : ça finit bien pour le moineau.

Alors ? Vous ne me connaissiez peut-être pas aussi bien que ça, finalement

Les idées à retenir pour briller à la pause-café :

 

Le moineau présent un dysmorphisme sexuel : une différence notable entre mâle et femelle Il est un commensal de l’homme. C’est-à-dire une espèce (le Moineau) vivant associé à une autre espèce différente (l’Homme) et profitant de ses aliments sans lui porter préjudices.

Il cavernicole : le moineau niche dans les cavités des bâtiments (sous une tuile, sous l’avancée d’un toit…). Il est donc important de penser à l’accueil de ces oiseaux lors des travaux de rénovation et de construction. Il est notamment interdit de détruire les adultes, les nids, les œufs et les juvéniles de cette espèce.

Le Moineau domestique est en déclin : l’effectif des populations a chuté de 11% au niveau national (LPO/ programme STOC) et de – 73% en 13 ans, dans la région parisienne (enquête CORIF-LPO).

Il est protégé par l’arrêté ministériel du 29 octobre 2009 fixant la liste des oiseaux protégés sur l’ensemble du territoire et les modalités de leur protection.

Les scientifiques classent les espèces en différentes catégories : les taxons. Le moineau domestique (Passer domesticus) est une espèce faisant partie du genre Passer, inclus dans la famille Passeridae, elle-même inclue dans l’ordre des Passériformes : plus communément appelé les passereaux

 Vous souhaitez mieux connaitre notre ami le Moineau domestique :

Hélène SOYER
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